Installée dans un transat
je prends le soleil et je sue
il fait chaud et bon dans ma robe d’été
j’écoute le concerto « Legacy » -Oscar Navarro-
Ewan Millar au Hautbois
une orange en ballade dans un désert de femmes
c’est sucré et incompréhensible
juteux et d’une infinie rondeur
merveilleusement coloré d’Orient et de passion
entouré de petits pas pressés et lents
Les gouttes coulent le long de ma jambe
je les prends dans ma main et les essuie sur les plis du tissu
je ne me reconnais plus
je trouve ce geste doux et agréable
Je bronze et me sens bien
où est la faille?
C’est bien la question que je me suis posée toutes ces années
Aujourd’hui elle me dit
la faille, c’est la prudence de l’humanité
Elle habite nos vies, sécrète nos aspects les plus sombres
envenime, résout
ajoute du piment, s’attache à nos néants
La faille n’est pas un endroit pour la pluie ou le soleil
c’est un fond pour les prénoms, les ancêtres, les héritages
une fente élégante dans notre histoire
qui nous protège et nous attire
Nous pouvons choisir de la contourner ou d’y aller
Elle rend beaux les conflits et les instants de bénédiction
elle assouvit nos désirs et retient nos passions
La faille nourrit notre âme du début à la fin
sans jamais se reposer, sans jamais oser
Elle est notre lit, notre vie, sans que jamais personne n’y aille
nous, si nous le souhaitons
Invisible à l’oeil nu après tant d’humanité
elle continue à faire la pluie et le beau temps
et si d’aventure on s’en inspire
on a chaud jusqu’à la fin des temps
La faille est notre trou noir
notre doux espoir
une sommité en matière de vie
le nid de la mort
La faille est l’égale des âmes
leur meilleure amie
Ce texte est venu en cinq minutes
après des dizaines de pages d’écriture
sur ma vie
celle des oiseaux
C’est ainsi que ma plume écrit
elle parle en silence
écrit en partance
déjà
vers un autre lieu
Toujours l’écriture faut
et la faille tombe au fond