Il est cinq heures d’un autre matin, elle a quatre vingt quatorze ans
Deux enfants, quatre petits-enfants
Le retour des oiseaux
Ils ouvrent les portes de ses cages, de ses secrets encapsulés de brume montante
De ses visions féminines, ses maternités érotiques
Quand elle ne peut plus dire « je t’aime »
Ils lui sourient
Au diable les regrets, elle les brûle éternellement
Elle se lève à l’Aube une fois de plus, promesse cendrée pourtant
Odeur des orangers par la fenêtre marrackchia
Ils sentent le nourrisson et les fleurs solides
Elle se tait quand le silence l’écoute, amoureuse encore
Prépare des petits gâteaux et du thé,
Son péché coupable, les amandes et les pistaches
Dans des petits bols divers
Elle passe un fin gilet bleu sur une longue tunique de soie
La saison est précieuse, un peu fraîche parfois
Les premiers étourneaux pointent, sur la Palmeraie
Leurs habitudes égrenées
Le sol sera bientôt sec, chaud et poussiéreux
Les femmes et les hommes marcheront légèrement
« J’ai profité de mon séjour »,
pensera t-elle.
« Finalement j’ai eu raison d’insister un peu
J’ai été aimée bien plus que l’inéluctable qui se lève sur le soir
La prochaine fois, je reviendrai ici même sans hésiter
et cette fois, je viendrai enfin.
J’ai promis
Par-delà les orangers
Beaucoup de mon corps
Pourquoi faut-il tant de passion ? »