Chrëschmaart 2021, Kopstal-Bridel

Voilà, le Marché de Noël est terminé. Sous une pluie de lumières et une petite neige mouillée, tout en haut de la butte, à côté de l’école, dans le plus ancien quartier de Bridel, nous nous étions installés, dans un chaleureux « Avant Noël ».

D’ailleurs mon amie suédoise qui travaillait au chalet avec moi, me disait qu’elle considère ce moment comme le « kick-off » des festivités de fin d’année. Elle a raison, je me suis surprise à poser les premières guirlandes en rentrant chez moi.

En tout cas c’est sûr, c’est de bon augure, étant donné la magie de l’Ouverture ce vendredi soir. L’arbre au milieu de la place s’est allumé comme un feu d’artifice, des étoiles filantes naissaient chaque seconde du bout de ses branches, gigantesques et paisibles.

Le dôme scintillant nous a laissés sortir de la nuit associative, sociale et culturelle.

Après des mois sans regroupement, nous avons comme retraversé le temps en pleine conscience. Ne pas laisser filer l’occasion de nous investir, ici et maintenant.

Nous avons mangé des flammekueches cuites au feu de bois, délicieuses et croquantes, des marrons, des frites, des Wirtschen à la choucroute, des plats marocains, des desserts portugais, du foie gras, des huitres, des crêpes, des barbes à papa, des gâteaux et bien d’autres gourmandises.

Les enfants ont vendu des pères Noël façon chaussettes en boules, à barbe, des étoiles blanches et des bougies, et on trouvait aussi des abris en bois pour les oiseaux.

Pendant quelques instants, toutes les lumières se sont éteintes. Nous venions tout juste de brancher un petit radiateur dans notre chalet. Avions-nous fait sauter les plombs ? Finalement, c’était le générateur qui manquait d’eau.

Le guitariste, la fanfare, le groupe de jeunes et leurs instruments à vent, la musique, encore la musique, tout du long…rock, blues, classique, traditionnelle.

Les adultes, les adolescents se sont relayés dans les chalets, les enfants ont fait leur, ce conte de village, inventant, s’improvisant forains pour deux soirs, une grande famille, juste le temps de faire plus de deux mille trois cent entrées.

Saint Nicolas est venu, les chevaux aussi. Avec leur carriole et des paquets.

Madame l’organisatrice était là bien avant, et bien après, tout était sous contrôle, fluide, pensé.

L’équipe technique, en jaune fluorescent, en bras de maîtres, en soutien, en artisans du village, s’est affairée sans discontinuer, aux petits soins, nous déroulant un tapis rouge.

On a parlé luxembourgeois, français, anglais, allemand, portugais, italien, russe, suédois, polonais, turque, et plus encore.

On s’est revus, retrouvés, j’ai même vu un jeune couple danser sur une chanson de Noël. Je me suis dit que toutes les barrières étaient tombées, même les plus kitchs. C’était si simple et si bien.

Les enfants de l’école de musique ont joué et chanté dans l’église. Entre les couleurs éclatantes des vitraux, la hauteur sous plafond et l’acoustique du lieu, l’intensité s’est déployée, enveloppant tous les bancs.

Je suis passée au chalet ce matin, récupérer les dernières affaires. Le désert. Quelques minutes encore. Les portes et fenêtres sont closes. Les copeaux de bois au sol, encore chauds, éparpillés, foulés la veille par plus de trois mille pieds, semblent vouloir s’envoler avec les dernières feuilles.

Chacun chez soi est reparti. Au fond, c’est vrai, il fait froid. Ce n’était pas le premier marché de Noël, mais celui-ci avait un goût sucré, relevé, essentiel.

On avait presque oublié, pendant deux jours, entre les vins chauds et les braseros, que nous avons tout organisé autour des consignes.

Il me semble qu’une parenthèse s’est ouverte sur la promesse de l’arbre enchanté.