« Sensuel », création en Albâtre rose du sculpteur luxembourgeois Tom Flick.
« Tu portes mes rêves et je porte tes chaînes. Je suis une femme qui tape du pied, s’il te plait ne donne pas de coups sourds, je suis tendre. J’ai montré mes courbes, sans fioriture et comme d’habitude, seul le reflet du miroir ne les oubliera pas. Tout raisonne, tu sais bien et j’entends mon corps se rouler dans la lumière, aspergé de la poussière de tes inspirations. Tu enlèves des bouts de moi : je sais que je n’en n’ai plus pour longtemps, je vais bientôt disparaitre dans l’esthétisme. La rencontre n’y peut rien, elle résiste depuis son intimité. Je me cache du mieux que je peux, je crée de la timidité, c’est ainsi que je me recroqueville, me déleste lentement. J’ai choisi la nudité sans symétrie. Celle qui m’habille en oiseau éternel, dedans-dehors j’ai des ailes invisibles de statue sensuelle, d’un lilas rose pâle. Qui a ajourné mon entrée ? Peu importe ! Au pire, je repars à la case départ, celle par laquelle je suis entière, à la recherche du sacré, au mieux, je suis la première initiée à la courtoisie de ton atelier. Je sais, je suis déjà en retard ».
Je l’ai contemplé, quand il s’est assis, quand il a parlé, quand il a bougé, quand il a fumé, quand je n’ai plus agi, l’artiste envisageait ce qu’il allait faire de moi. Cela nous renvoie, me renvoie, à la sensualité, aux moindres de ses gestes. Je suis aveugle à la scène et je vois tout de lui. Lorsque ses mains se taisent, je m’arrête de grandir. J’ai besoin de le voir s’agiter. Il écrit de son corps qui fuit par ses doigts, précis. Il sculpte et me transforme. Je lui ai pris la main souvent, l’ai aidé. Le savoir vient de là. Car il fallut que nous nous regardâmes pour qu’il put nous voir l’un dans l’autre. « Si vous vous approchez un peu – avait-il dit -, encore un peu, je ferais de vous le « Nous » ». L’artiste et sa sculpture étaient nés, encore une fois.
Saisissant.
Dans son regard immatériel, en douceur, j’ai quitté mon corps d’Albâtre pour soulever son rêve, je suis devenue Réelle.
