Saisir la « mal à dire » par la peste, c’est un secret de Polichinelle
Albert Camus l’avait écrit: Oran envahie par les rats pour réveiller la ville
endormie dans ses habitudes
Cette ville qui ne parlait plus du tout
Grandissant dos à la mer
Dans un pays où le frisson nourrissait les pierres et les arbres
comme un nourrisson boit le lait de sa mère
il fallait protéger la mère
Derrière les masques, la trace de la civilisation disparait tellement
que l’on n’arrive plus à suivre l’odeur du calme et des tempêtes
Les tempêtes aux grands vents battant la forêt dans l’œil d’un cerf
Cela n’arrive pas que dans les livres
Cela démarre dans les livres
Ils savent déjà, depuis longtemps
Pour l’orage qui gronde
Et nous les regardons comme des drôles qui s’ennuient, écrivent
des histoires pour s’isoler du monde en faisant la lecture au coin du feu
« On écrit sur les murs le nom de ceux qu’on aime »
chantent les enfants
Mon grand-père faisait cela sur le rebord de sa fenêtre
écrire le nom de ses enfants
Ne pourrait-on pas écrire dans le livre le nom de ceux que l’on aime
et laisser le livre écrire l’amour
sur nos murs ?