Tarte à la moutarde

J’ai bien mangé tous les fruits et bu leur jus, le soleil est revenu et j’ai du fermer le rideau. J’avais beaucoup de phrases en tête de liste, elles remuent tellement vite qu’elles se sont déjà transformées en un cahier grand comme ma main, c’est à dire immense, il est minuit moins une et demi. Et je dois trouver le moyen de les calmer un peu, le temps de reprendre mon souffle et de boucler deux trois trucs. Je bois de l’eau à n’en plus avoir soif, source d’espoir qui me fait tourner en rond. La télévision, ça doit être fait pour ça, prendre une pose, comme Madonna. Penser à autre chose et remonter le chevalet. Peindre de surcroît ce que je concède maintenant à mon esprit sans Noël, je tourne en rond. Comme tout le monde. Du coup, j’ai préparé une tarte à la moutarde. A vrai dire, je pensais la cuisiner hier et je n’en crois pas mes papilles, je la cuisine pour moi. Vérification faite, le four était trop chaud, je viens de baisser à cent cinquante degrés, ce qui reste manifestement une température d’appoint tout à fait acceptable. Qu’on ne me dise pas que la lune est trop pleine, elle était surtout à l’ombre, elle y est toujours d’ailleurs. C’est pour cela qu’elle geint. Donc au petit matin et bientôt après-midi, il me faudra prendre une douche car oui les draps étaient propres mais ils y ont vu passer ma nuit et l’eau est purificatrice, n’est-ce pas? Malheureusement j’avais mis mon réveil et j’ai du renoncer à terminer un rêve qui pour sûr l’aurait inspirée. La question est donc, comment transformer une farce en un conte pas branlant qui ne se passerait pas en Laponie mais bien dans la Loire, au milieu des moutons et des châteaux. Je végète dans le mien comme une plante aux mille ronces et j’avoue prendre goût aux roses qui y poussent. Quatre tours et un bastion de carreaux à compter nuits et jours, c’est un peu beaucoup mais j’ai déjà commencé. 1, 2, 3… il en reste des milliers alors il va falloir les organiser en consonances et dissonances, pour entendre le bruit de mes propres pas. Les carreaux brillent et à vrai dire, cela me suffit, mais j’ai bien vu que ce n’est pas leur seul soucis. Serais-je plus simple que je le pensais ? Mes besoins seraient-ils les mêmes qu’un chat? Du lait, du lait, du lait… et des carreaux frais. Quoi qu’il en soit la journée se déroule comme une aurore qui se sert du thé, aux quatre coins d’une Bergamote avec un soupçon d’épices.

Vingt minutes chrono, la tarte est prête, je vais la manger. A l’heure espagnole, c’est bon marché et ça me rappelle les dimanches tirés à quatre épingles déjà envahis pas l’ennui. Comme quoi, l’ennui a du bon, au moins celui de se plier en quatre. Et de couper les minutes en rondelles.

Bon appétit !