J’ai longé des buis sur la longueur d’un givre qui craquelle
Le bruit des buis était calme
comme l’immensité d’un épilogue contemplé à la longue vue
Le soir était tombé sur sa confiance hivernale
Un noir posé sur son blanc uni
Une suie éparpillée au sommet de buissons de plâtre
De mon pouce et mon index, j’ai pincé la dentelle, émerveillée
Je me suis dit: « quelle délicatesse, laisse-les tranquilles »
Un rien pourrait les émietter
« Tu peux y aller. Veux- tu y aller ? »
le froid s’était infiltré dans l’encadrement de ma pensée
« J’ai peur de leur faire mal », lui dis-je
« N’as-tu pas vu? Elles aiment que tu soignes leurs hérissons poudrés »
« D’accord si tu le dis ! »
Et d’un geste de plus
je me mis à caresser le jardin de curé de mes doigts bouclés
C’est donc cela l’hiver
un buisson brillant qui résiste au froid
pour devenir printemps.