-Je pars.
-Comment ça tu pars?
-Oui je pars. A dos de chameau, de dromadaire, de motoculteur… Je t’abandonne.
-Quoi tu m’abandonnes? Tu me laisses?
-Non, je ne te laisse pas. Si je te laissais je t’attacherais, ou je t’achèterais, c’est pareil. Non, je t’abandonne, tu ne seras pas seul avec toi-même.
-Tu me laisses seul?
-Pff.. tu insistes !
-Je t’a.ban.donne!
-Mais tu es sérieuse en plus.
-On ne peut plus.
-Et la maison, qu’est-ce qu’on en fait?
-On a qu’à la balancer aux requins. Ils en feront du bon jambon.
-Du…..?!!! Mais tu perds complètement la boule ma parole !
-Non, je te prie de croire qu’elle est bien équipée.
-Mais n’importe quoi! T’as disjoncté!
-Oui c’est ça. Il faudra aussi éteindre la lumière à tous les étages. Je ne te cache pas que ça me rend un peu malade quand même.
-A quand même!
-Oui. Fébrile. Et nauséeuse.
-T’es pas enceinte au moins?
-A parlons-en des enfants ! Ce n’est même pas sûr qu’ils soient de toi!
-Tu…. tu te fous de moi!
-Oh reste poli hein, tout n’est pas affaire de fichtre! Bien sûr qu’ils sont de toi. Je plaisantais…C’était mon horloge biologique, je n’avais pas le choix.
-Mais tu es pire qu’une Femen!
-Ah j’aimerais bien mais elles m’ont trouvée trop docile.
-Parce-que tu as pris contact avec elle?
-Non j’ai rompu le contact avec toi et du coup je te laisse une chance. Elles n’ont pas aimé.
-Une chance de quoi?
-De refaire ta vie, de passer à autre chose, d’encaisser. Je te quitte, je t’acquitte.
-Mais tu te rends compte de la violence de notre discussion?
-Violence violence, tout de suite les grands mots. Moi je dirais plutôt « pondération sidérante ».
-Mais ma parole, t’es vraiment passée de l’autre côté?
-Mmm….
-Et depuis quand?
-Cette nuit.
-Cette nuit?
-Oui. Cette nuit. Ne fais pas semblant d’être sourd.
-Mais tu étais là cette nuit. Avec moi.
-Oui, justement, j’ai fait des efforts.
-Et donc en une nuit tu décides de tout plaquer? Moi, les enfants, la baraque?
-A non, je ne plaque pas les enfants! Je t’en débarrasse. Tu auras les bons moments et moi les tiroirs à remplir de linge.
-Mmm… tu veux dire qu’ils restent avec toi?
-Oui, si ça te va. Et tu les verras quand tu veux. Tu es leur papa… adoré.
-Bon, c’est déjà quelque chose. Avec mon boulot, mes affaires, ma vie… Je n’ai pas trop le temps. Et tu es une bonne mère.
-Oui, comme Marseille.
-Bon, et donc nous, c’est fini?
-Ou là! Tu arrives enfin en gare.
-Pff…. ton cynisme est exaspérant. A là c’est sûr tu me les coupes!
-Oh dis, ça ne va pas de parler comme ça! Il n’est pas exaspérant il est tempérant. Est-ce que tu m’as entendue déborder moi?
-Ben oui un peu quand même
-Un chouia…
-Ha ha, quelle ironie! T’es vraiment une s…soprano
-Tu veux un petit kawa pour faire passer tout ça?
-Non, c’est trop acide. Merci.
-Alors enterre la hache.
-J’ai un dîner ce soir.
-Avec qui?
-Une jolie brune au nom tout à fait ravissant, voyageur…
-Et bien, il ne t’a pas fallu longtemps!
-C’est le temps qui court…m’a attrapé.
-Et moi tu vas me rattraper?
-Non toi tu cours trop vite.
-Alléluia !