Le peigne des blés

Il est minuit,

le cœur s’octroie un sommeil authentique.

Dans le champ, de l’autre côté de la route, un vrombissement incessant ;

une moissonneuse batteuse pousse sa herse, insatiable.

Par la fenêtre ouverte et les rideaux fleuris

le vent rafraîchit les dormeurs,

au deuxième étage de la bâtisse de pierres.

Nuit agitée.

Lorsque l’aube s’approche, le coq chante et recommence

il est environ six heures ;

Au matin, les ballots dorés parsèment les promenades ;

les tracteurs sortent et rentrent des chemins de ronces, de mûres,

que l’on attend pour le mois d’août,

qu’il faut rester vigilant sur les routes,

les ouvrages empiètent dans la poussière, jusque sur le pas des voitures ;

les bois naturels, posés sur un semi, s’apprêtent à se rendre

de la scierie à une destinée.

Un goéland, élégant, sur le toit haut perché,

que l’on ne puisse l’atteindre,

une mouette solitaire et aventurière,

donne à ce centre armoricain,

un air marin.

On est à trente-huit kilomètres de la côte,

tout ici est juillet,

à Combourg ;

Il est un autre temps où la forteresse d’enfance de Chateaubriand,

la butte naturelle arborée de ses grandes ombres vertes

avec à son pied le lac tranquille,

étang de profonde lumière et nénuphars,

voyait traverser le garçon sur les chemins de ronde, rejoignant sa chambre

à l’extrémité de celle de ses sœurs,

hiver de tempête

sombre pièce froide et lointaine, agonisante de solitude

dont les naseaux se brisaient régulièrement dans un fracas

angoissant, sur les carreaux de ses fenêtres.

Néanmoins,

rêver ;

Néanmoins,

la grande forêt.

De retour sur la nationale

les champs aux mille fleurs

s’acheminent vers la fin des moissons

et bientôt les fêtes

poindront

dans la Bretagne Romantique.