La terre me semble si lourde
Je la prends par poignée, crins, soupirs
Je crains de me prendre un train en pleine face
De trébucher sur la locomotive pur-sang et eau
L’amour est ce regard ensemble sur le monde
Et quand tu n’es pas là mon face à face
Je plonge dans le nulle-part
Personne ne regarde comme Nous, à notre manière
Nous façonnons et sommes façonnés en retour
Si je regarde seule ce monde, sans toi, je me dis qu’à la fin
Ce doit être ce même sentiment
Mêlé de peur et d’anxiété, qui me parcourt en ce moment
À la toute fin, ce regard d’horreur
Le vent qui s’engouffre dans ton absence
Ce zest de tourbillon d’un rêve encore tendre
Que je traverse pieds nus et sans filet
Oubliée vive…
Je jette mon cerveau dans les caniveaux, les bus, les gens, la tristesse des voitures à l’heure de pointe
Pour ne pas te laisser immobile
Je veux que tu bouges pour te sentir vivant et près de moi
Te voir te tuer à la tâche de m’aimer
Penser à toi, c’est d’ailleurs aller par beau temps
Où les gens sont plaisants et les sourires riches
Je rejette l’idée de ne plus te voir
Pour écourter ensuite l’envie qui me guette
De t’écrire
Depuis le lit où je me couche chaque soir
Depuis l’illusion de l’illusion
Décapitée par l’Amour
Je vois les étoiles suspendues
Comme autant de boules roulées en boules
Tout à fait installées dans le ciel
Je me rends compte à quel point la nuit est belle
Je me sens abandonnée en elle
Ouverte d’un tissu ténébreux
Un drap qui sans Nous m’est obscène …