8:32. J’attends le bus, un livre dans mon sac, il m’effraie et me ravit. Une histoire de tailleur de pierre et de Pietà. Le froid est bien là. Doux et spongieux. Il retient l’humidité dans sa nudité. J’attends aussi que le soleil revienne, comme tous les jours. Un requin toujours se meut dans les eaux de mes parapluies. Cette vie ne triche pas avec l’humain, il y a toujours, au détour de ses cornes de brume, un être un peu plus persiflant qu’il faille remettre à sa place, qui fait de l’inquisition ou du lobbying, un poisson aux dents espacées à demi-caché dans l’obscurité. Mais peu importe, l’ivresse est là et je la sors de sa torpeur, par un effet d’image dans les bois que je traverse, dans ce bus qui m’emmène à pas de géants vers une simple journée longiligne et folle, campée charnue sur ses ardeurs.
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