Ce qu’il y a, c’est que mon âme est jeune. Et vieille à la fois. À la croisée, les chemins se sont inversés. Il m’a fallu choisir un plan de réalité. Je ne me plains pas. Ma carrière ? Ce mot a disparu de mon langage comme un ballon inutile, rangé dans le garage entre l’huile de voiture et les pneus quatre saisons : un bouillon de culture. J’aurais pu prendre n’importe laquelle. Les jeunes m’entraînent nuit et jour à aimer mon chemin, j’ai une chance folle de revenir entre les mains de ce Titan, ce matériel à grandir. Et bien oui, c’est comme ça, j’ai encore de la place pour l’émerveillement- si j’étais riche, ça ne m’arrangerait pas plus. J’achèterais des tableaux …des murs de tableaux…je ferais la sieste entre mon salon et la musique de l’Aube…être loin … l’obéissance. La nuit est altruiste, le jour, capitulation. Entre les deux se meuvent les errements, que je plombe en un lieu qui dépend … du moment, de l’instant, différé… un voile inanimé couvre les années…quand tout est mélancolie, sang, pluie … les artifices ingénieux se cramponnent aux vagues. Je divague dans le vent, t’emporte avec moi, te souris, m’envole, qu’importe les options, tout me ramène à toi, et rien ne dépasse cette vallée. N’insiste -pas. Je me fais vieux. Nous sommes aimants, tu es belle. Quand le moteur s’arrêtera , il tournera rond, ce ronron présent, cette force transmise jusqu’à ton delta, ma chère, je te le dis, je te le dois.
