C’est un assez vieux conte oublié à l’abri des regards dans sa forêt. Parfois il est scandé autour d’un feu de Perlimpinpin ou d’une fête de la Coriandre, toutes les trente lunes d’années bissextiles.
L’oubli lui sied.
Il aime à être au fond des âges, dans une mémoire pleine ; un mariage du temps en apnée et d’un drôle de corridor sans fin, d’où il ne semble jamais sortir. La vie y est désuète, invariable.
Ses mots ne sont plus entendus. Leur sens s’est perdu. Mais jamais il ne se plaint. Il espère, encore, dites mes mots, mes personnages, les évènements et mon histoire !
Il contemple les siècles, le passé, le présent, son futur. Depuis quelque temps un entrain certain s’est installé, une sorte de petite voie audible qui lui parle… de derrière le miroir.
Et un jour…
En sortant de sa douche elle entoure une serviette autour de sa poitrine ; une serviette rose myrtille.
Penchée sur son image à regarder ses dents, ausculter leur sillage, elle a dit: « il est temps. Il est temps que tu sortes ».
Et le conte s’est retrouvé de l’autre côté. De l’autre côté du miroir. D’abord sur l’évier, puis sur le radiateur. Elle vaque à ses parfums et robes assorties à son teint : elle s’habille, le laissant à sa découverte, son adaptation.
Il est parti entre les pans de la porte vers la salle à manger. Sur la droite : un fauteuil. Un livre posé sur son coude. Il s’y est faufilé. Fuuuuut…. légèrement entre les pages il s’est invité.
Et le soir elle a lu. « Il était une fois, un conte damné à la perpétuité. Il avait choisi de se cacher dans le tréfonds de l’âme, dans le corps d’un miroir… »
***
Agenda ironique de Toutloperaoupresque en ce mois de juin : un peu de poudre de Perlimpinpin, de la coriandre, un ou des oxymore (s), et … »ce qui se passe de l’autre côté du miroir ».
Je suis tout juste dans les temps, vu que dans 1h et 3 mn, c’est la clôture, bientôt minuit, bonne nuit 🙂
