Le lac a pris la couleur de son arc en ciel, il vole presque dans le soleil
; remarquable écho de la nature, quand la pluie par petites gouttes entre en
son corps ; formidable miroir qui n’en finit pas d’allonger le temps, entre
deux saisons que chevauchent de joyeux prismes de mosaïques, inatteignables
comme le vent et graduellement définis, petit à petit, chaque jour, dans le
cours des choses.
Au bord de ses rondes indolentes, une onde frise sur ses flancs lumineux,
des hectolitres de cœur battant campagne, à débroussailler les rives, atteindre
l’épicentre, au fond de sa composition.
Il est possible d’imaginer sa naissance, quand il a commencé à se remplir
d’eau, petite étoile en construction à la faveur d’une musique naturelle.
Il y eut un noyau dans lequel il s’est formé, alimenté et protégé par un
parc verdoyant, une source élémentaire, …je ne sais pas, je n’y suis jamais
allée.
Ce doit être un petit coin tranquille bien couvé, réglé seulement par
l’obscurité et l’embrasement des bruits lointains ; un coin de recul et de
connexion à l’Univers.
Quoi qu’il en soit, il est là ouvertement concilient, à apporter son regard
sur les arbres, les branches, les feuilles, sur le chemin de forêt qui le frôle
de sa collerette de pas.
Quoi qu’il en soit, il peut raconter par morceaux friables sa genèse
endormie, fêtée par les équinoxes, les pluies, couvertures de nuages,
élévations des brouillards, éminence de la grisaille, saisissement des
papillons dans une belle après-midi éphémère, volatile extrait de lumière rangé
dans des fleurs rouges, jaunes, de toutes les couleurs des cuisantes siestes,
dans la floraison des insectes.
Des saisons de partition des feuillages à la surface de son reflet où
courent les libellules sur l’air frais emmené dans son carrosse jusqu’au tapis
du temps secoué de temps à autre par les fumées de la lune, il appelle cela ses
frémissements…
