Souvenir d’amour

Ne pas être capable d’aimer

C’est là comme le berceau d’une empreinte

Sis rue du corps

Un tournoi de souffles

Une joute mauve sans heurt vraiment

Et puis plus rien.

Le cœur s’arrête

Sale

Vétuste

Visqueux

Un chardon ardent ….

Désormais meurtri et seul

Retourné dans son nid

Célèbre et mauvais

Bétonné

Avec de cette tristesse qui lui tourne autour ;

Matin reflet d’une ombre éternelle

Dysfonctionnel, instable, il trouve sa résidence dans les aspérités chroniques d’une balance sans états d’âme

Que l’on étalonne avec le poids de l’oiseau rictus dans un plexus solaire :

le souvenir de l’amour.

La journée rit

chante, chante

Devient rite

D’amour…

Ce n’est pas rien d’écrire cela :

as-tu vraiment compris pourquoi je suis morte ?

Reflet de mon équilibre dans le matin libre …

À plusieurs endroits en même temps

Des cure-dents plantent mon curseur

Et je trouve des bémols dans mon café volant …

À toi de me dire où est la vie qu’on avait voulu ?

À toi de me dire si tu trouves encore que je manque de quelque chose ?

Toi, l’écrivain de ma vie

À l’instant où tu t’en vas

Je bascule

Ah, oui, tu as raison …

Il y a mes neurones

Et la page glisse glisse

Où suis-je maintenant ?

Puis-je te considérer comme mon amant, enfin ?

Quelle part du réel ai-je pu oublier à ce point pour ne pas me souvenir, parfois ?

Peut-être juste parce que l’amour se vit dans chaque recoin de la maison qui me protège

Dans chaque rue où s’agitent, flânent se sauvent des gens qui me ressemblent

Dans les gestes attentionnés que me vend le ciel

Dans les coursives de mon imagination

Les traits de ton visage

Les troubles ignorés

Les angoisses existentielles

Mais aussi dans le feu

Le commun des mortels

Et les plumes radieuses qui désépaississent les murs d’un monde emprisonné…

Souvenir de toi, de nous, étendus sur l’herbe

Superbe

Sur toi

Sur moi

Et pointe le jour qui reviendra

Sans ambage

Sans regret

Juste fonctionnel

Avec ce soupçon de poésie …

Peut-être

A titre de gage, de preuve

Je t’assure

On l’aura.

***

Visuel : Louise Body