Dans le matin bercé par la Vienne

L’aube s’enroule sur les troncs

irradiés de lumière

qui jaillissent des sous-bois

comme un bateau à quai

Dans la mousse le jour chatouille

les tiges fixées à leur boutonnière

Le cri du matin disperse des frissons sous l’écorce

et réveille en douceur les effluves en sommeil

Les arbres brament entre des branches de saules

et le sol pleure une pluie froide

Sur les feuilles glisse l’instant magique

quand les gouttes tombent et prennent leur envol

Les ombres se mettent en formation

elles annoncent l’arrivée

Un ange est là qui habite une hutte

aux fenêtres superposées avec vue sur le ciel

Le bleu de la forêt se cache dans le fond de ses cimes

un instant aquarelle étonnamment précis

on le voit

ouvrir ses cils

Le ruisseau dépose dans ses fougères

des perles qui roucoulent

elles caressent de leurs becs

leurs joues rosies

La fin de l’hiver approche dans son manteau olive

et au petit matin

l’air frais et tendre

écartant les pans du brouillard

passe sa tête

par les rideaux de l’herbe.