Entre gris bleu et gris bleuté, cette neige tombe en feux follets : elle est hivernage ;
Devant son aspect décidé, de passage dans les rues blanches, hier orage, demain saison des fées, les désirs entassés sortent de la grange ;
L’écharpe en premier, douce et provocante, puis l’ensemble en laine, peau de cashmere ; l’oisiveté et la concentration, l’école du travail en hibernation
S’activent ;
Le coffre des méduses, ses galons de trésors, pas de poussière dans la prairie, les ormes d’or au fond de la mer, à l’heure des cétacés, une baleine de nuages
S’ébroue ;
Fumée des mages aux toits des maisons, au centre du monde des barbes blanches, aux abords de Vous, mon élégante, le bois file en feu sacré, dans un épisode torride, mon aimée
Cheminée ;
Vient le vent hardi, comme un guerrier endormi, près d’un feu de camp armé jusqu’à vapeur, aussi livide que nous, il reste dehors. C’est là que nous le respirons, le souffleur ; puis il se lève, prend ses cliques et ses claques, l’inhumain râleur, enjôleur, bouillonne…
« A demain monstre marin, ami des
corbacs ! » ;
A l’heure du silence, sous nos pas de plumes d’oiseaux, certifiés chaussés chaudement, main dans la main, nous longeons le bras canal, canards enchaînés, glace emprisonnée, tes doigts doux sous le revers de mon duvet ! Je me faufile joliment sous ton manteau
D’été ;
Le long des berges aux quatre couleurs, où s’abreuvaient les oiseaux migrateurs, – ici, ailleurs, quand le froid rackette son dû, les rôdeurs à moitié frigorifiés sont partis en voyage au pays de leur instinct primitif -, le ciel défroisse un poème
Intuitif ;
Une hirondelle : « Eh ! j’hiberne le réveil ! moins fort ! ». Niché dans un Cèdre du Liban, un jaseur tout fraichement arrivé, livre une litanie boréale, à son ouvrière en latitude
Du printemps ;
Quelqu’un a oublié un gant au sol, je ramasse cinq doigts de l’hiver, qui claquent des dents, de la main gauche.