« Tous les matins du monde »

« Tous les matins du monde » sont des lettres que j’envoie

A toi qui te relèves

A toi qui fuis la vie

A toi que je considère comme un Tétras, un oiseau venu du Nord et qui aime les prairies, un oiseau qui vit en terre inconquise dans un soleil rouge et or,

un esprit vivant des glaces et des forêts froides

que l’on voit passer, rumeur unique dans le ciel en vol.

Je te rapporterai des choses venues de grands espaces et de petites placettes, elles auront tellement d’allure et d’autres porteront des bijoux,

je te dirai qu’il est grand temps de te joindre à moi, en un cycle de journées, détendues et saltimbanques

heureux en tout genre,

je te donnerai quelques phrases à emballer et des souffles pour tes prés aériens, des histoires qui poussent sous nos pieds ;

il s’agira de nous garder de flétrir, comme les fleurs sur les murs ou les œillets pareils à nos yeux ;

On regardera ensemble la montée de l’alchimie, jusqu’au point de non -retour, la symétrie de nous dans une cascade ;

on prendra le temps de rompre quelques fois, assez longtemps pour se retrouver, quelques heures de célibats dans un grain chaud, un verre de Volnay.

Je t’écouterai comme j’écoute le vent des confins de mes horizons, je croirai que tu es magique car tu sais quel vent me taquine ;

moi comme d’habitude je prendrai le premier roseau qui passe pour raconter comment « il plie mais ne rompt pas » .

Pour enfin me lever le matin, je dormirai sur un tronc, les ailes déployées à mes rêves et je compterai les battements ;

tout cela n’est qu’imaginaire, bien sûr, je veux bien lire un peu, quand tu rentreras le soir il faudra nous changer les idées

à en souffrir.

«  » Tous les matins du monde« , titre du roman de Pascal Quignard.

«  »Le chêne et le roseau, Jean de la Fontaine.